vendredi 29 novembre 2013

"La Horde du Contrevent", une réinvention bienvenue de l'Heroic Fantasy

L'Heroic Fantasy est une catégorie littéraire souvent décriée par l'élite et les bien nantis. Entre ceux qui pensent qu'on devrait la jeter au placard à cause de sa codification épique qui en agace plus d'un, ceux qui soutiennent qu'elle devrait se cantonner aux histoires pour enfants et ceux qui n'y voient même pas un genre littéraire à part entière, il est parfois difficile de se faire un avis objectif. L'adaptation en série télévisée de l'énormissime saga Game of Throne, qui a parfois tendance à un peu trop abuser des mannequins à poil pour gonfler ses chiffres d'audience, n'aide d'ailleurs pas forcément à offrir plus de crédit au genre.
On passera également sur les films inspirés du boulot de Tolkien qui, même si ils proposent un très beau contenu, ont eu tendance à s'infantiliser par moments et à s'écarter de l'enjeu épique qui plane sur la Terre du Milieu.

Bref, vous m'aurez compris, en tant que puriste de la HF, j'ai parfois beaucoup de mal à recevoir objectivement la plupart des nouvelles oeuvres qui traitent de ce monde contesté et adoré à la fois. Et en vous citant les deux exemples ci-dessus, je vous promets que j'ai déjà fait un GROS effort pour rester light dans mes propos. J'aurais pu par exemple évoquer cette pure chiasse en tube que l'on appelle Eragon, et qui cumule les clichés évidents de la HF pour vendre cette saga de merde aux petiots le plus rapidement possible, avant qu'ils mûrissent et ne se rendent compte des années plus tard que Mr Paolini n'a rien inventé du tout. On peut d'ailleurs faire le parallèle avec une certaine boite anglaise qui se targue de posséder le monopole du hobby modéliste depuis plus de 20 ans...

Ne croyez pas que je m'égare et m'écarte du sujet, mes chers lecteurs, car cette loooongue introduction a plus de sens une fois qu'on en arrive au sujet principal: CE bouquin. La Horde du Contrevent, édité chez Folio SF (ahem... oui, SF, je sais, moi aussi ça m'énèrve).

Alain Damasio, pour moi, c'est un peu le messie de l'Heroic Fantasy. Tout d'abord, ce type a le bon goût d'écrire peu mais d'écrire bien, extrêmement bien. Mais il a surtout eu les couilles de sortir des sentiers battus pour proposer un univers qui ne ressemble et ne ressemblera jamais à rien d'autre.

C'est un monde bâti sur le vent, pour le vent. La vie, la mort, la science et la magie n'existent que par lui. Les terres et les eaux y sont constamment fouettés, tiraillés par des bourrasques aussi soudaines que violentes. C'est un pays en forme de sentier, bordé par des étendues glacées et infinies.
Il y a un extrême aval, terre des hommes, à peu près protégé des vents destructeurs. Mais il y a surtout un extrême amont, inaccessible, utopique. Un amont d'où proviendraient toutes les formes des vents, où résiderait la vérité absolue.
C'est cet Extrême-Amont que la Horde cherche à atteindre, en avançant contre le vent, toujours plus violent et glacial au fur et à mesure que nos héros s'approchent de leur objectif. Ils sont soudés par l'épreuve, par l'espoir qu'ils portent pour le reste de l'humanité. Ils vivent une quête aussi physique que spirituelle.

Le style de Damasio se veut novateur, aussi exotique que l'univers qu'il propose. Il faut bien admettre qu'endurer les dix premières pages peut sembler un peu contraignant, tant le vocabulaire développé pour cette histoire s'écarte de nos grands classiques. Mais une fois qu'on a cerné les grandes lignes, ça coule tout seul, ça se mange sans fin. Le choix de narration aussi est également déroutant. Mais très vite, le récit narré à tour de rôle par chaque personnage vous harponne et ne vous lâche plus.

Je vous encourage à vous jeter dessus à la première occasion. Vous n'en sortirez pas indemnes, et c'est tant mieux.

Une adaptation du roman en film de synthèse est également en cours, et on lui souhaite bien du succès. Sauf si c'est foireux.



Le blog d'Anne Heidsieck, qui a fait un fabuleux boulot d'illustration du roman. Big Up.

"Là où vont nos pères", une BD pas comme les autres

Afin de fêter les 100 premières visites au sein de ma caverne, (bouhouhou, c'est misérable ><) j'ai décidé de vous scribouiller un petit quelque chose à propos d'une bande dessinée aux concepts de narration et d'ésthétique assez... hétéroclites et envoutants à la fois.

Là où vont nos pères, édité chez Dargaud, est un petit bijou pondu par Shaun Tan; un auteur qui m'était alors complètement inconnu, mais qui a sù me foutre un grand pied au cul tant la thématique et l'évasion que propose l'oeuvre réussissent à transparaitre malgré une absence totale de dialogue (on y reviendra). En résulte un joli conte touchant et à la visée bien plus précise que ce que l'on pourrait croire aux premiers abords.



Ce qui frappe en effet lorsqu'on ouvre le bouquin pour la première fois, c'est ce silence qui veut tout dire. La narration sans un mot se subsitue par la qualité du dessin, des visages et des émotions. Au départ, on peine à définir pleinement l'enjeu et l'histoire du personnage principal: un père de famille
s'envole pour un pays fantastique (aux relents quelque peu lovecraftiens) où la société, ses coutumes et sa faune semblent tout droit tirés d'un fantasme éveillé.





Et puis, petit à petit, le décalage de cet homme qui lutte pour intégrer un pays où rien ne lui est famillier devient plus clair. Le thème de l'oeuvre, c'est bien entendu l'immigration sans retour, à la recherche d'un monde meilleur, quit à tout réapprendre.


Je vous laisse par vous-même aller plus-avant dans la découverte du livre, qui s'est révélé un savant mélange d'onirisme, de chaleur humaine et d'espoir. Ajoutez à cela un style graphique inédit, une maitrise impressionnante de "l'image qui parle", et vous obtenez une masterpiece qui s'ignore.
A ne rater sous aucun prétexte!


vendredi 22 novembre 2013

Mes skav's

Un petit aperçu de ma horde de bestioles à poils, à crocs, à bubons et touti quanti...
Aujourd'hui, la vitrine, demain, le moooondeuh! 







jeudi 21 novembre 2013

Retour en Oblivion

Lorsque j'ai remis les pieds dans un magasin GW pour la première fois depuis une éternité, je m'en suis tout de suite voulu d'avoir été un aussi gros pigeon deux fois de suite. Et en même temps, j'avais un compte à régler avec ces saloperies de miniatures au rapport prix/poids proche de celui du caviar.

Ramassant mes burnes à pleines mains, je bombe le torse et pousse la porte pourrav' de la boutique. J'écarte d'un geste (virile) le gilet rouge diabolique qui s'était précipité vers moi avec une boite de l'Ile de Sang, me la brandissant presque dans la gueule, en beuglant comme un taré:
"Cay la bouate de l'île de sang, copain! T'as deux armays pour seulement 70 keuss'! Et y'a meme un liiiiivre! Et des gabarits en plastoc tro kool! Tu peux cotiser avec un copain, copain! Et sinon, tu peux toujours ramener tes parents et menacer de te jeter par la fenêtre si jamais ils veulent pas te l'acheter!"
Je demeure stoïque quant aux élucubrations délirantes du pauvre bougre. Il s'agit de rester calme, intransigeant, de faire comprendre que je sais ce que je veux, et de quitter l'échoppe au plus vite. Mais je n'ai plus peur. Je me répète que je ne suis plus un Kevin, plus jamais. Je cuirasse ma détermination.
Alors que je me dirige d'un pas assuré vers le rayon "Skavens", et que je m'empare d'un régiment de guerriers des clans, je sens un poids mort qui semble s'accrocher à ma jambe. Un regard derrière mon épaule. C'est encore le gilet rouge qui s'est jeté au sol et qui, dans un geste de désespoir, s'est agrippé à ma cheville, sa putain de boite de démarrage toujours en main:
"Mais tu joues Skavens, copain? Mais c tr0 k00l! Avk la boite de LILLE DE SANS, pour 40euros tu as déjà toute une armay toute prayte à jouay! Je t'ai dit que les règles étaient fournies?
-Rien à battre, je joue v7.
-...Oh."

Mon inattendu vocabulaire d'ancien de la maison semble le bouleverser dans ses considérations. Le gilet rouge se relève, époussette ses vêtements et me toise avec curiosité. Cet espèce de nabot fringué en lycéen, à la barbe taillé en bouc, au visage encore si jeune... Serait-il possible qu'il ne s'agisse pourtant en rien d'un Kevin facilement malléable? Un joueur casual, peut-être? Un hybride?
Mais les réflexions du godelureau n'ont pas le temps de se prolonger plus avant. Le carillon de la porte d'entrée annonce l'arrivée d'un mioche de 12 ans environ flanqué de sa maman.
Des proies faciles pour le gilet rouge, dont l'oeil s'illumine tout à coup d'une lueur prédatrice. A peine la porte s'est fermé derrière les imprudents profanes qu'il est déjà sur eux. Il faut croire que cette boite de démarrage va finalement trouver un heureux propriétaire...
Je profite de cet instant de répits pour me ressaisir. Conscient de l'opportunité unique qui s'offre à moi, je fonce vers la caisse au pas de course. J'esquive un autre gilet rouge qui me lance une batterie de pots de peintures en hurlant:
"N'oublie pas de faire ton stock de peinture, copain!"

J'esquive non sans mal les nombreux projectiles qui viennent s'écraser contre les murs et maculent les étalages d'une bouillie bariolée. Quel gâchis... Un pot d'Abaddon Black a cependant fait mouche, touchant mon épaule et m'arrachant un grognement de douleur. Je pisse le sang, mais ma volonté m'aide à endurer la blessure. Je n'ai quand même pas fait tout ce chemin pour rien!
Un troisième gilet rouge qui brandit un pinceau à 8 balles-pièce goutte au mordant de ma ranger énergétique. Je ne suis plus qu'à quelques mètres de la caisse!
Les derniers gilets rouges me font cependant barrage. Pas question de me laisser partir pour seulement quelques dizaines d'euros d'achat! L'hémorragie qui tiraille mon épaule est insupportable, mais je suis si près du but... Et il me reste un atout.

Ponctuant mon action d'un véhément doigt d'honneur à l'adresse de la horde mercantile, j'active les propulseurs que j'avais récemment chourrav' à un Space Marine d'Assaut qui agonisait dans un caniveau de Place Monge. Je survole aisément les rangs de gilets rouges, puis j’atterris lestement sur le comptoir de la caisse. J'attrape ensuite le clampin de service par le col et lui braque mon pistolet-bolter aux munitions bourrée de malepierre dans la bouche:
"-Et maintenant, tu vas m'encaisser, connard!
-'u as 'out ce que 'u veux, copain?
-Mais OUI bordel! 
-... 'a 'era 30 euros 'il-te-lait."

Je lui tends l'argent, qu'il encaisse avec précipitation. Puis avant qu'il n'ait eu le temps de me proposer un sac et de me renseigner sur les derniers "bons plans" pour tout joueur skaven qui se respecte (autrement dit, le rapport qualité prix ex-ce-ptionnel de la boite de l'Île de Sang), je lui vide mon chargeur dans le crâne.

En quittant la boutique, je savoure les cris de douleur et le crépitement d'un incendie qui proviennent de la boutique. Je contemple l'explosion de la modeste échoppe, ma boite de guerriers des clans toujours en main.

Avant que l'hémorragie et les vapeurs de chair et de plastique fondus ne me fassent complètement perdre connaissance, je me dis que l'aventure ne fait que (re)commencer.



...



Ok, j'admets que ce n'est pas exactement comme ça que ça s'est déroulé. En vérité, le pot d'Abadon Black a juste rebondi sur mon épaulière de Terminator. Mais bon, 'faut savoir romancer un peu de temps en temps!

Tout ça pour dire que j'ai replongé récemment dans le hobby figurinistique, pour le meilleur comme pour le pire.
Je posterai dans un suivant article quelque photo de ma horde grouillante, et reviendrai bientôt sur mon opinion... quelque peu contrastée à propos du monde de la miniature.

En attendant, une avant première:


mardi 19 novembre 2013

Genèse, introduction.

Ainsi, voyageur, voilà que tes pas hasardeux t'ont mené dans la sombre caverne de la plante en peau! Depuis son seuil béant, perdu au milieu d'une jungle étouffante et luxurieuse; tu peux entendre l'écho lointain d’élucubrations frénétiques et d'incantations aussi morbides qu'incompréhensibles au néophyte. Il ne tient qu'à toi de pénétrer dans ses boyaux tortueux, et de risquer par ailleurs de ne plus jamais contempler la lumière du jour...
Mais avant toute chose, tu te dois de passer par l'agent d’accueil en service. Simple formalité lorsque l'on s'apprête à abandonner sa stabilité mentale, tu n'en es plus à ça prêt, n'est ce pas?
Oui, oui, tu as bien entendu. Cette caverne est gardée par un agent d’accueil, qui te toise avec lassitude derrière son bureau. Moi, en l’occurrence. J'espère que tu es d'attaque pour un brin de causette, avant de pénétrer les méandres froids de ta propre démence? Ce ne sera pas long, promis-juré.

On m'a connu sous bien des noms: Arg, Gourou, Sheitan, Hey Enfoiré, M., ou bien encore Math, pour les amis (mais oublie tout de suite, je suis pas ton copain). 
Le seul pseudonyme que tu aura à retenir ici pour t'adresser à moi est celui de Plante en Peau (je t'épargne les majuscules, si jamais tu avais par inadvertance mangé les doigts de ta propre main gauche). 
C'est depuis l'entrée de cet obscur gouffre murmurant que j'exerce ma profession, à mon propre compte, tout en bénéficiant d'une retraire bloggiste bien méritée. Car oui, tu as bien lu mon ami; ton interlocuteur ici présent est un vieux de la vieille, pour ce qui est de raconter sa vie et de pousser quelques gueulantes lâchement déchaînées sur un pauvre clavier en plastoc'; crois-le ou non. Je préfère de toute façon abandonner cette partie de mon existence dans la grande poubelle de l'oubli.

J'écris d'autres trucs, qui tiennent tout autant au principe de dégueuler un message de haine, aussi universelle qu'absurde, et de nerdisme assumé à la tronche du lecteur. Seuls les formats ont varié: théâtre, contes, romans... J'entends un enfoiré quelque part qui crie "Ouais, des arts fossiles, quoi! Laul." Et ce qui me fait de la peine, c'est que ce fils de hyène a partiellement raison. Certains machins seront sans doute postés ici, j'en sais rien. Peut-être pas, en fait. Peut-être que si, finalement. 

Seront également proposées ici, prochainement, sous la forme d'un amoncellement de photographies de qualité merdique, un aperçu de mes divers bonshommes en plastique que je collectionne, assemble et peints dans mes moments de solitude. Autant te dire que ces derniers temps, mes troupes d'hommes rats n'ont jamais étés aussi bien ravitaillée.

Ah, et lorsque je n'écris ni ne peints, j'ai un travail. Agent d'accueil, tout à fait, comment as-tu deviné?

Maintenant que tu es au courant de ce que tu peux croiser au détour de ses froids et humides corridors, te voila libre d'explorer ma caverne à ta guise. N'hésite pas à t'exprimer, à donner ton avis sur les étranges formes de vie  et les abominations absurdes qui peuplent cet endroit. Je saurais prêter une oreille attentive à mes visiteurs....