jeudi 21 novembre 2013

Retour en Oblivion

Lorsque j'ai remis les pieds dans un magasin GW pour la première fois depuis une éternité, je m'en suis tout de suite voulu d'avoir été un aussi gros pigeon deux fois de suite. Et en même temps, j'avais un compte à régler avec ces saloperies de miniatures au rapport prix/poids proche de celui du caviar.

Ramassant mes burnes à pleines mains, je bombe le torse et pousse la porte pourrav' de la boutique. J'écarte d'un geste (virile) le gilet rouge diabolique qui s'était précipité vers moi avec une boite de l'Ile de Sang, me la brandissant presque dans la gueule, en beuglant comme un taré:
"Cay la bouate de l'île de sang, copain! T'as deux armays pour seulement 70 keuss'! Et y'a meme un liiiiivre! Et des gabarits en plastoc tro kool! Tu peux cotiser avec un copain, copain! Et sinon, tu peux toujours ramener tes parents et menacer de te jeter par la fenêtre si jamais ils veulent pas te l'acheter!"
Je demeure stoïque quant aux élucubrations délirantes du pauvre bougre. Il s'agit de rester calme, intransigeant, de faire comprendre que je sais ce que je veux, et de quitter l'échoppe au plus vite. Mais je n'ai plus peur. Je me répète que je ne suis plus un Kevin, plus jamais. Je cuirasse ma détermination.
Alors que je me dirige d'un pas assuré vers le rayon "Skavens", et que je m'empare d'un régiment de guerriers des clans, je sens un poids mort qui semble s'accrocher à ma jambe. Un regard derrière mon épaule. C'est encore le gilet rouge qui s'est jeté au sol et qui, dans un geste de désespoir, s'est agrippé à ma cheville, sa putain de boite de démarrage toujours en main:
"Mais tu joues Skavens, copain? Mais c tr0 k00l! Avk la boite de LILLE DE SANS, pour 40euros tu as déjà toute une armay toute prayte à jouay! Je t'ai dit que les règles étaient fournies?
-Rien à battre, je joue v7.
-...Oh."

Mon inattendu vocabulaire d'ancien de la maison semble le bouleverser dans ses considérations. Le gilet rouge se relève, époussette ses vêtements et me toise avec curiosité. Cet espèce de nabot fringué en lycéen, à la barbe taillé en bouc, au visage encore si jeune... Serait-il possible qu'il ne s'agisse pourtant en rien d'un Kevin facilement malléable? Un joueur casual, peut-être? Un hybride?
Mais les réflexions du godelureau n'ont pas le temps de se prolonger plus avant. Le carillon de la porte d'entrée annonce l'arrivée d'un mioche de 12 ans environ flanqué de sa maman.
Des proies faciles pour le gilet rouge, dont l'oeil s'illumine tout à coup d'une lueur prédatrice. A peine la porte s'est fermé derrière les imprudents profanes qu'il est déjà sur eux. Il faut croire que cette boite de démarrage va finalement trouver un heureux propriétaire...
Je profite de cet instant de répits pour me ressaisir. Conscient de l'opportunité unique qui s'offre à moi, je fonce vers la caisse au pas de course. J'esquive un autre gilet rouge qui me lance une batterie de pots de peintures en hurlant:
"N'oublie pas de faire ton stock de peinture, copain!"

J'esquive non sans mal les nombreux projectiles qui viennent s'écraser contre les murs et maculent les étalages d'une bouillie bariolée. Quel gâchis... Un pot d'Abaddon Black a cependant fait mouche, touchant mon épaule et m'arrachant un grognement de douleur. Je pisse le sang, mais ma volonté m'aide à endurer la blessure. Je n'ai quand même pas fait tout ce chemin pour rien!
Un troisième gilet rouge qui brandit un pinceau à 8 balles-pièce goutte au mordant de ma ranger énergétique. Je ne suis plus qu'à quelques mètres de la caisse!
Les derniers gilets rouges me font cependant barrage. Pas question de me laisser partir pour seulement quelques dizaines d'euros d'achat! L'hémorragie qui tiraille mon épaule est insupportable, mais je suis si près du but... Et il me reste un atout.

Ponctuant mon action d'un véhément doigt d'honneur à l'adresse de la horde mercantile, j'active les propulseurs que j'avais récemment chourrav' à un Space Marine d'Assaut qui agonisait dans un caniveau de Place Monge. Je survole aisément les rangs de gilets rouges, puis j’atterris lestement sur le comptoir de la caisse. J'attrape ensuite le clampin de service par le col et lui braque mon pistolet-bolter aux munitions bourrée de malepierre dans la bouche:
"-Et maintenant, tu vas m'encaisser, connard!
-'u as 'out ce que 'u veux, copain?
-Mais OUI bordel! 
-... 'a 'era 30 euros 'il-te-lait."

Je lui tends l'argent, qu'il encaisse avec précipitation. Puis avant qu'il n'ait eu le temps de me proposer un sac et de me renseigner sur les derniers "bons plans" pour tout joueur skaven qui se respecte (autrement dit, le rapport qualité prix ex-ce-ptionnel de la boite de l'Île de Sang), je lui vide mon chargeur dans le crâne.

En quittant la boutique, je savoure les cris de douleur et le crépitement d'un incendie qui proviennent de la boutique. Je contemple l'explosion de la modeste échoppe, ma boite de guerriers des clans toujours en main.

Avant que l'hémorragie et les vapeurs de chair et de plastique fondus ne me fassent complètement perdre connaissance, je me dis que l'aventure ne fait que (re)commencer.



...



Ok, j'admets que ce n'est pas exactement comme ça que ça s'est déroulé. En vérité, le pot d'Abadon Black a juste rebondi sur mon épaulière de Terminator. Mais bon, 'faut savoir romancer un peu de temps en temps!

Tout ça pour dire que j'ai replongé récemment dans le hobby figurinistique, pour le meilleur comme pour le pire.
Je posterai dans un suivant article quelque photo de ma horde grouillante, et reviendrai bientôt sur mon opinion... quelque peu contrastée à propos du monde de la miniature.

En attendant, une avant première:


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