mercredi 23 avril 2014

Un papier sur Guilty Crown

Coucou tout le monde!
Après avoir laissé crever mon blog plus de deux semaines, l'envie m'est soudainement venue de vous parler d'un anime que j'ai autant détesté qu'adoré au fur et à mesure de son visionnage. Je dois la découverte de cette série quelque peu underground (et en même temps pas du tout) à X, sans aucun doute possible mon meilleur contact pour ce qui est de débusquer du manga bien glauque à travers l'opacité des niaiseries du genre One Piece qui monopolisent actuellement la toile.
Guilty Crown est un anime pondu par les Productions I.G. (que les otakus du coins connaissent notamment pour Ghost in the Shell, Pokemon Origins, ou encore la partie animée bien sanglante dans Kill Bill I). Diffusé pour la première fois dans les environs de 2011, il m'est encore aujourd'hui difficile de déterminer si il s'agit d'un shonen ou d'un seinen. "Ranger l'oeuvre dans une case ne fait qu'en affadir la saveur", me répondrez vous sans doute. J'entends bien, mais dans ce cas, comment se forger un avis solide, si l'on a pas l'enclume adéquate sur laquelle se baser?
Mais c'est assez de théorisation sur l'exaltation du psyché humain. Sans plus attendre, voici mon petit pavé rétrospectif sur un ascenseur émotionnel  à 22 étages.


Tokyo, 2039. Shū Ouma, lycéen, sans grandes compétences notables (bah tiens!), tente de vivre une vie normale dans un Japon fragilisé par une terrible maladie qui a bousillé le pays dix ans plus tôt. Alors que la population est soumise à une étroite surveillance des autres pays qui n'hésiterons pas à raser la carte au premier signe de reprise d'épidémie; Shū se retrouve embarqué malgré lui dans les affaires d'un groupe de résistance, et investit d'un bien étrange pouvoir: le Void Genome. Cette étrange capacité permettra à notre looser générique de matérialiser l'âme des gens sous forme d'outils aussi diverses que variés, et souvent bien utiles...

Bon, le moins que l'on puisse accorder à l'oeuvre après quelques minutes de visionnage; c'est que la qualité de dessin et d'animations sont au rendez-vous. On est bien loin du dessin-animé économique torché à l'arrache que nos parents reprochaient à nos amis nippons il y a une vingtaine d'année. C'est propre, c'est coloré comme il faut, c'est fluide, c'est beau. Jusqu'ici, tout va bien.
Mais alors que le premier épisode laisse place au générique (qui atteste d'une bande-son par-ailleurs soignée), une pensée traversera certainement votre esprit:

"Bordeeeeel, mais qu'est ce que c'est que ce foutoir?!"

C'est quoi ce délire avec les dreadnought de WK40 boostés aux OGM's et montés sur des rollers? Pourquoi y'a une hackeuse avec des oreilles de chat? Pourquoi y'a la Soul Calibur planquée entre les nichons de la nana aux cheveux roses? Et d'ailleurs, c'est qui la nana aux cheveux roses? Mais surtout: Comment est ce qu'un putain de lycéen qui n'a jamais eu à se friter de sa vie se retrouve soudain capable de réaliser des sauts à la Matrix et de délivrer des coups d'épée dans la gueule dignes d'un Dovakhin élevé aux hormones?
N'attendez pas de réponse de ma part, hein. Y'en a pas. C'est déjà à peine si l'on trouve assez de place pour un scénario.
C'est en effet le petit défaut classique de l'anime au format modeste. Ça va vite, très vite. Alors que Naruto et Bleach engraissent leurs saisons à coup de flashbacks inutiles et de hors sujets frustrants, les réal' d'animes à franchise plus légère se voient obligés de compacter une intrigue parfois très riche et complexe dans un nombre assez réduit d'épisodes. Des concessions sur la logique et quelques raccourcis scénaristiques sont ainsi souvent employés, au grand dam' du public averti, et malgré un univers qui se veut assez riche.
Et oui, c'est comme ça les copains. Bienvenue au 21ème siècle, où la qualité d'une oeuvre s'évalue par les intentions d'achat et les spéculations sur l'audimat.
Vous croyez que j’exagère? Faites un tour dans le métro parisien! Demandez vous pourquoi les affiches de One Man Show périssables et de mises en scène de Feydeau recyclées 20 fois sont bien plus récurrentes que celles d'un bon vieux Brecht ou d'un Corneille. Tout le monde en fait, ça se vend, ça se retape sans fin, ça continue à se vendre, et surtout, on se casse moins le cul que si on devait inventer quelque chose de nouveau (ou pire, faire du neuf avec du vieux! beurk beurk beurk!).
Mais l'on s'écarte un peu du sujet.

L'histoire se débrouille pour tenir debout, malgré tout, et poser de temps en temps la récurrente question des sacrifices et des responsabilités dans un climat de génocide permanent. C'pas le thème le plus original du monde, mais les notions de devoir et de culpabilité sont couplés et abordés d'une manière tangible et intéressante.
Certains personnages se révèlent particulièrement complets, attachants ou ambigus, voir les trois à la fois. D'autres, comme Shū ou Inori (la nana aux cheveux roses), en leur qualité de potiches génériques et  facilement identifiables pour le jeune public, sont d'un inintérêt navrant, aux premiers abords. Leur charisme de poignée de porte y est sans aucun doute pour quelque chose.

Je n'ose développer plus avant, chers lecteurs, de peur de vous gâcher quelque révélation de l'intrigue (rapide, mais pas dégueulassement tissée, il faut bien l'admettre). Vous aurez remarqué qu'il m'est malaisé de me positionner sur cet anime, aussi bourré de clichés, de conventions, que capable de très positivement vous surprendre.
Je vous encourage cependant à tenter l'expérience par vous même, quit à ne regarder la série qu'une fois en coup de vent. Car même si il faut inexorablement constater les nombreux points faibles de l'oeuvre, on s'accorde en général sur le fait qu'elle mérite tout à fait d'être défendue et portée à un plus large public. Public qui saura sans doute mieux que moi l'apprécier à sa juste valeur.

Bis bald, chers lecteurs, et à la prochaine.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire